Exposition Journée du patrimoine 16 & 17 septembre 2023

« Patrimoine de la Miséricorde » est la toute première exposition des effets personnels du Père Bazin, ainsi que des Supérieurs qui lui ont succédé à la gouvernance de la Congrégation.
Des objets ayant traversé le temps de la Révolution Française aux années 60, ils sont emblématiques mais aussi émouvants et relatent à eux seuls la fondation et le développement de la congrégation.
L’exposition sera reproposée au mois de mai 2024 pour la clôture du bicentenaire.

Homélie de Monseigneur Bruno FEILLET +

Homélie de Mgr Bruno FEILLET, évêque de Séez
Samedi 16 septembre 2023, fête de la Fidélité

Vœux perpétuels de Sœur Juliette-Véronique BADJIDA, jubilés d’Argent, de Diamant et de Platine

C’est au cœur de cette grande année jubilaire de la Congrégation des sœurs de la Miséricorde de Sées que sœur Juliette-Véronique Badjida prononce ses vœux solennels. Deux événements qui se confortent et s’éclairent mutuellement. Il est heureux pour la Congrégation, après deux siècles d’existence de voir de jeunes sœurs prononcer leurs vœux ; il est heureux pour une sœur de rejoindre une congrégation qui manifeste sa solidité à travers le temps.

Sœur Juliette, vous célébrez votre profession perpétuelle le lendemain de la fête de Notre-Dame des Douleurs, grande fête pour votre Institut. Et ce sont les lectures de cette fête que nous avons réentendues aujourd’hui. Elles enracinent votre engagement dans une direction particulière, comme nous le verrons.

La première lecture tirée de la première lettre de Saint Paul à Timothée s’adresse à un jeune homme que Paul veut encourager en lui rappelant sa propre histoire. Après l’avoir salué dans le Seigneur, l’apôtre commence par louer le Christ son Sauveur qui l’a estimé digne de confiance. Or, il sait que rien dans ce qui faisait sa vie d’alors n’était digne d’éloge. Par ignorance, puisqu’il n’avait pas la foi, il était blasphémateur, violent et persécuteur de la jeune Eglise du Christ. Le fait d’avoir été choisi malgré cela le bouleverse encore au moment où il écrit à Timothée : « la grâce de notre Seigneur a été encore plus abondante, avec la foi, et avec l’amour qui est dans le Christ Jésus. »

On ne peut être chrétien sans être touché par la miséricorde du Christ qui nous rejoint au plus profond de nous. Notre foi, ma sœur, n’est pas une théorie, un concept ou une idée. Non ! rien de tout cela. Elle est le fruit d’une rencontre intime avec Jésus, le Fils de Dieu né de la Vierge Marie.

Dieu merci, si j’ose dire, il n’est pas nécessaire pour devenir chrétien de passer par toutes les étapes traversées par saint Paul. Vous êtes plutôt comme Timothée qui a grandi dans une famille déjà chrétienne. Dans une seconde lettre, Paul évoque la foi de sa grand-mère Loïs, puis de sa mère Eunice (Cf. 2 Tm 1, 5). Et c’est dans cette belle famille que Timothée a proclamé une magnifique profession de foi en présence de nombreux témoins. Sans doute est-ce cette fois proclamée et vécue en public qui lui a valu d’être appelé à son tour par Paul qui lui a imposé les mains.

Ma sœur, vous m’avez dit avoir grandi dans une famille chrétienne qui vous a soutenue jusqu’à aujourd’hui. Heureuse êtes-vous de bénéficier de ces racines à l’instar de Timothée. Vous avez été baptisée Juliette-Véronique. Nous le savons tous, le cœur de l’annonce de l’Evangile est constitué par les deux missions qui sont au centre de l’envoi des disciples en mission : annoncer le règne de Dieu et guérir les malades. Les deux ensemble ! La guérison des malades venant qualifier et crédibiliser l’annonce du règne de Dieu.

En vous tenant debout auprès des malades comme la Mère du Seigneur se tenait debout au pied de la croix de son Fils, vous accomplirez la vocation de tout chrétien, des disciples et des apôtres du Seigneur. Je me souviens encore, lors d’une visite au Viêt-Nam, que si les premiers habitants du pays se sont convertis, c’est parce que les missionnaires emmenés par un prêtre de Normandie, s’occupaient mieux des malades qu’eux-mêmes. Et dans le « mieux », il n’y avait sans doute pas que les soins mais aussi la qualité relationnelle qu’ils entretenaient avec les personnes qu’ils soignaient.

Chacun ici sait que la femme qui porte le nom de Véronique dans l’Évangile est celle qui, pleine de compassion pour le Christ souffrant, a su sortir des rangs qui insultaient le Christ pour lui essuyer le visage et manifester par là sa foi. En récompense le linge fut marqué par le portrait du Christ et elle reçu le nom de Véronique, c’est-à-dire véritable icône, véritable image du Christ. Ma sœur, j’ai bien compris que vous souhaitiez vous tenir auprès des malades avec toutes les compétences que vous avez acquises avec votre diplôme d’infirmière, comme Marie se tenait au pied de la Croix. Mais je prie aussi pour qu’ayant pris soin de vos patients comme Véronique a pris soin du Christ, ces mêmes patients puissent découvrir à travers votre compassion l’image du Christ qui s’imprimera petit-à-petit sur votre âme. Aujourd’hui, les jeunes aiment se faire tatouer. Nous les chrétiens, c’est à l’intérieur de nous-mêmes que nous demandons à Dieu de dessiner le visage de son Fils, par le baptême d’abord, par une vie unie à  Jésus ensuite. Puisse cette vie religieuse dans laquelle vous vous engagez aujourd’hui vous y aider tout particulièrement.

Je souhaiterai maintenant m’adresser aux sœurs jubilaires

  • Sœur Isabelle Hoareau qui fêtez vos 25 ans de profession ;
  • Sœur Marie-Andrée Laurent qui fêtez vos 60 ans de profession ;
  • Sœurs Andrée Alix, Marie-Thérèse DENEU, Françoise-Marie Martin, Véronique Pineau et Colette Ponsot qui fêtez vos soixante-dix ans de profession ;

Il est bon que dans une même célébration la plus jeune voient ses aînées et le parcours de vie qui se propose à elle ; il est heureux que les aînées puissent vérifier que le charisme qui les a fait vivre toutes ces années a pu en appeler d’autres.

Vous savez comme moi qu’un tel parcours de vie ne se fait pas sans le soutien des autres sœurs mais plus encore sans expérimenter la miséricorde du Christ. Oserais-je vous dire, moi qui n’ai que 35 ans de ministère presbytéral et à peine dix ans de ministère épiscopal, ce que Paul disait à Timothée : « Ravive en toi le don de Dieu » ? Eh bien oui ! J’ose. Mes sœurs, « les miséricordes du seigneur ne sont pas épuisées » (Lm 3,  22). Ni pour vous, ni pour votre jeune sœur Juliette-Véronique ni pour tous les habitants de cette planète. Que votre fidélité sans cesse soutenue et consolidée par la fidélité et la miséricorde de Dieu soit bénie et que votre prière nous accompagne.

Prenons maintenant un temps de silence que notre Sœur Juliette-Véronique se livre sans réserve à l’Esprit-Saint en prononçant ses vœux perpétuels dans la Congrégation des Sœurs de la Miséricorde.

Mgr Bruno FEILLET +

 

Exposition pour les journées européennes du patrimoine 2023

À l’occasion de son bicentenaire, la congrégation propose une exposition relatant l’histoire et l’évolution de la Miséricorde de Sées à travers des objets emblématiques ayant appartenu au fondateur, des biographies, des récompenses reçues par les sœurs à travers les époques. Visite libre de la grande chapelle, de l’exposition et du parc.

L’exposition s’inscrit dans le programme de la Fête de la Fidélité après la célébration de l’engagement définitif de Sœur Juliette BADJIDA.

Une visite guidée et expliquée est proposée le samedi 16 septembre à 15 h.
Accès à l’exposition par le parking, rue d’Argentré.

Homélie Mgr Louis

Homélie de Mgr Gilbert Louis
Dimanche 11 juin 2023, fête du Saint-Sacrement

Nous sommes un 21 mars 1823, en la fête de la Compassion. Naissait officiellement la communauté des  « sœurs de charité, servantes de Jésus et Marie », avant de devenir un peu plus tard la « congrégation des sœurs de la Miséricorde de Sées ». L’initiative revient à un prêtre diocésain, le Père Jean-Jacques Bazin.
Il aurait pu être du diocèse de Bayeux sans le redécoupage des diocèses de France intervenu après la révolution française, faisant revenir le canton de Tinchebray dans l’escarcelle du diocèse de Sées !

Comme il le précisa un jour à ses religieuses, l’initiative n’était pas venue de lui mais de Dieu. « Voici, dit-il, de quelle manière il me l’inspira. D’un côté, je voyais les pauvres qui mouraient sans assistance spirituelle et corporelle et je me demandais ce que l’on pourrait faire pour les secourir et leur procurer la plus grande de toutes les grâces, celle d’une bonne mort. D’un autre côté, je savais qu’il y avait dans le monde une foule de pauvres filles qui désiraient embrasser la vie religieuse et qui en étaient empêchées, faute de pouvoir fournir une dot… Je songeais à tout cela depuis longtemps quand je me sentis pressé par une voix intérieure, d’ouvrir moi-même une maison où ces filles seraient admises et dans laquelle on les emploierait à la garde et à l’assistance des mourants ».

C’est donc à partir de ces deux pauvretés repérées par le Père Bazin, qu’est née la Congrégation de la Miséricorde de Sées. Un autre prêtre, à la même époque, le Père Louis Lafosse, répondra au besoin criant de l’éducation des filles par la création, à Echauffour, des Sœurs de l’éducation chrétienne, deux ans auparavant. Comment ne pas reconnaître une fois de plus que les initiatives les plus belles les plus fécondes, les plus fidèles à l’Evangile du Christ Jésus, prennent racine dans le terreau des moyens pauvres et s’épanouissent à partir des pauvres eux-mêmes. C’est une semblable démarche qui a marqué l’Eglise de France par le rassemblement de Diaconia 2013 à Lourdes.

Un autre apôtre de la charité, l’abbé Pierre, fit lui aussi la même démarche en créant Emmaüs à partir de personnes souvent à la dérive qu’il appela ses compagnons. A l’inverse, il ne manque pas d’initiatives « dernier cri » qui semblent assurées de réussite en s’appuyant sur des méthodes de marketing éprouvées et des moyens importants mais qui bien souvent disparaissent comme elles sont apparues.
C’est donc à bon escient que, dans le passage du Deutéronome entendu aujourd’hui, Moïse rappelle au peuple d’Israël l’expérience fondamentale du désert : « Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert : le Seigneur ton Dieu te l’a imposée pour te faire passer par la pauvreté ; il voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans le cœur. Il t’a fait passer par la pauvreté, il t’a fait sentir la faim. » Et pourtant, avec ce peuple à la nuque raide, souvent inconstant, toujours tenté d’aller voir ailleurs, Dieu, lui, est toujours resté fidèlement auprès près de lui. Et afin de lui permettre de poursuivre la route, Il lui a donné la manne, préfiguration du pain eucharistique.

Dans l’Évangile de saint Jean, en ce jour Jésus, précisément, nous redit la volonté qui est la sienne lui aussi de nourrir tous les hommes, de les nourrir non pas d’un pain périssable mais de sa propre chair et de les désaltérer de son propre sang pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. « Vos pères ont mangé la manne et ils sont morts ! » Moi, dit Jésus, je suis le pain de vie, le vrai pain venant combler notre pauvreté ! Voilà ce que nous croyons quand nous recevons le corps du Christ lors de nos eucharisties. Non sans avoir reconnu notre totale indignité : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir ; dis seulement une parole et je serai guéri ». Dès lors, la communion consiste en ceci que moi je donne au Christ mon péché et ma pauvreté, et Lui, me donne sa sainteté, sa lumière, sa vie. Et quand, recevant la communion, le prêtre dit « le Corps du Christ », nous répondons : « Amen ». C’est alors que se réalise « le merveilleux échange », comme le définit la liturgie. Mais pour que notre « Amen » soit vrai, nous devons donc être membres du Corps du Christ. « Devenez ce que vous recevez… le Corps du Christ » comme l’écrit St Augustin dans une raccourci lumineux.
Dans la première épitre aux Corinthiens, saint Paul lui aussi nous a parlé de la finalité de l’Eucharistie qui est de « former un seul corps », d’être tous en communion avec le Christ et d’être frères entre nous. En d’autres termes, il s’agit d’être l’Eglise nourrie du pain eucharistique partagé, ce que rappelle le geste de la fraction du pain L’Eucharistie, en quelque sorte, dé-privatise la vie spirituelle, dé-confine d’une piété individuelle.

L’eucharistie est un pain qui donne faim : faim de Dieu et faim des autres tout à la fois. L’eucharistie est un pain qui creuse tout autant qu’elle comble car elle excite le goût d’une vie nouvelle, la vie de Dieu en nous et nous la fait désirer pour les autres.L’eucharistie n’existe que pour se déployer dans notre vie ordinaire, en nous invitant à vivre ce que nous avons célébré.Nous n’allons pas à la messe pour nous-mêmes, mais avec les autres, qu’ils soient présents ou que nous en fassions mémoire.

Je pense que les sœurs de la Miséricorde dont la mission demeure le soin des malades et des mourants, se retrouvent pleinement dans ce que Mère Thérèsa de Calcutta disait à ses sœurs à savoir qu’elles « devaient traiter les malades comme le prêtre traite l’hostie consacrée » en ajoutant cette expérience, fruit de la Communion et de l’Adoration : « Quand j’adore Jésus dans l’Eucharistie, je vois les pauvres, et quand je suis auprès des pauvres, je vois Jésus ».
Deux siècles viennent de s’écouler et la Miséricorde de Sées est toujours là, cherchant à demeurer fidèle à l’inspiration première de son saint fondateur « Puissiez-vous, disait-il à ses chères filles, sentir vous-mêmes, l’excellence de votre destinée… servir Jésus-Christ dans la personne des malades, contribuer au salut de tant d’âmes. Pouvez-vous ne pas avoir part à cette douce invitation de Notre Seigneur : j’étais malade et vous m’avez visité ! »

Notre société est aujourd’hui agitée par des débats concernant l’amélioration des soins de santé, le nécessaire développement des soins palliatifs, les questions autour de la fin de vie ou encore ce qu’on appelle le suicide assisté et disons-le carrément l’euthanasie. Je ne pense pas que les différentes prises de position faisant la part belle au désir individuel risquent de détourner les sœurs de la Miséricorde de leur mission, bien au contraire. Promouvoir la mort ne peut être considéré comme un soin. Demeure ce devoir de fraternité qui découle de l’eucharistie : prendre soin les uns des autres jusqu’au terme de la vie, « corps et âme » aurait dit le saint fondateur de la Miséricorde.

Voici vingt siècles que les chrétiens, sous toutes les latitudes, dans des rites différents, célèbrent ce que Jésus a remis à ses Apôtres le soir de la Cène : « Faites ceci en mémoire de moi ».  Et, dans cette pratique, ils ont la conviction d’engager la totalité de leur foi. Voici vingt siècles que, tout en célébrant l’eucharistie, les chrétiens cherchent à la comprendre sans jamais y arriver jusqu’au bout. Ce don de Jésus est d’une telle richesse qu’on n’a jamais fini de le scruter et de l’accueillir. L’eucharistie est la récapitulation de tout, le « sommet et la source » a dit le concile Vatican II, autrement dit le point à partir duquel toutes les lignes divergent et vers lequel toutes les lignes convergent.
C’est l’alliance de Dieu et de l’homme dans le Christ Jésus ; l’unité du passé, du présent et de l’avenir ; l’unité de la nature et de l’histoire ; l’unité de l’accueil et du don, l’unité de la mort et de la vie… Ce mystère est grand, aurait dit l’apôtre Paul. Ajoutons pour les sœurs qui ont participé au Chapitre général : ce mystère de l’eucharistie est d’une étonnante beauté !

Amen.

Mgr Gilbert Louis +

Eucharistie 11 juin 2023

La messe célébrée par Mgr Gilbert LOUIS a clôt cette journée. En action de grâce la Supérieure générale a remis à chacune des Sœurs de la Congrégation les nouvelles Orientations du Chapitre établies pour les 6 prochaines années.
Puis, « festivités » ne va pas sans « apéritif » !

Homélie de Mgr Gilbert Louis +