Jubilé d’Or de Sœur Gregoria CANCHO samedi 14 septembre La célébration ut présidée par Mgr FEILLET, évêque de Sées, en la grande chapelle de la Maison Mère.
Jubilé d’Or de Sœur Gregoria CANCHO samedi 14 septembre La célébration ut présidée par Mgr FEILLET, évêque de Sées, en la grande chapelle de la Maison Mère.
Nous sommes un 21 mars 1823, en la fête de la Compassion. Naissait officiellement la communauté des « sœurs de charité, servantes de Jésus et Marie », avant de devenir un peu plus tard la « congrégation des sœurs de la Miséricorde de Sées ». L’initiative revient à un prêtre diocésain, le Père Jean-Jacques Bazin.
Il aurait pu être du diocèse de Bayeux sans le redécoupage des diocèses de France intervenu après la révolution française, faisant revenir le canton de Tinchebray dans l’escarcelle du diocèse de Sées !
Comme il le précisa un jour à ses religieuses, l’initiative n’était pas venue de lui mais de Dieu. « Voici, dit-il, de quelle manière il me l’inspira. D’un côté, je voyais les pauvres qui mouraient sans assistance spirituelle et corporelle et je me demandais ce que l’on pourrait faire pour les secourir et leur procurer la plus grande de toutes les grâces, celle d’une bonne mort. D’un autre côté, je savais qu’il y avait dans le monde une foule de pauvres filles qui désiraient embrasser la vie religieuse et qui en étaient empêchées, faute de pouvoir fournir une dot… Je songeais à tout cela depuis longtemps quand je me sentis pressé par une voix intérieure, d’ouvrir moi-même une maison où ces filles seraient admises et dans laquelle on les emploierait à la garde et à l’assistance des mourants ».
C’est donc à partir de ces deux pauvretés repérées par le Père Bazin, qu’est née la Congrégation de la Miséricorde de Sées. Un autre prêtre, à la même époque, le Père Louis Lafosse, répondra au besoin criant de l’éducation des filles par la création, à Echauffour, des Sœurs de l’éducation chrétienne, deux ans auparavant. Comment ne pas reconnaître une fois de plus que les initiatives les plus belles les plus fécondes, les plus fidèles à l’Evangile du Christ Jésus, prennent racine dans le terreau des moyens pauvres et s’épanouissent à partir des pauvres eux-mêmes. C’est une semblable démarche qui a marqué l’Eglise de France par le rassemblement de Diaconia 2013 à Lourdes.
Un autre apôtre de la charité, l’abbé Pierre, fit lui aussi la même démarche en créant Emmaüs à partir de personnes souvent à la dérive qu’il appela ses compagnons. A l’inverse, il ne manque pas d’initiatives « dernier cri » qui semblent assurées de réussite en s’appuyant sur des méthodes de marketing éprouvées et des moyens importants mais qui bien souvent disparaissent comme elles sont apparues.
C’est donc à bon escient que, dans le passage du Deutéronome entendu aujourd’hui, Moïse rappelle au peuple d’Israël l’expérience fondamentale du désert : « Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert : le Seigneur ton Dieu te l’a imposée pour te faire passer par la pauvreté ; il voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans le cœur. Il t’a fait passer par la pauvreté, il t’a fait sentir la faim. » Et pourtant, avec ce peuple à la nuque raide, souvent inconstant, toujours tenté d’aller voir ailleurs, Dieu, lui, est toujours resté fidèlement auprès près de lui. Et afin de lui permettre de poursuivre la route, Il lui a donné la manne, préfiguration du pain eucharistique.
Dans l’Évangile de saint Jean, en ce jour Jésus, précisément, nous redit la volonté qui est la sienne lui aussi de nourrir tous les hommes, de les nourrir non pas d’un pain périssable mais de sa propre chair et de les désaltérer de son propre sang pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. « Vos pères ont mangé la manne et ils sont morts ! » Moi, dit Jésus, je suis le pain de vie, le vrai pain venant combler notre pauvreté ! Voilà ce que nous croyons quand nous recevons le corps du Christ lors de nos eucharisties. Non sans avoir reconnu notre totale indignité : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir ; dis seulement une parole et je serai guéri ». Dès lors, la communion consiste en ceci que moi je donne au Christ mon péché et ma pauvreté, et Lui, me donne sa sainteté, sa lumière, sa vie. Et quand, recevant la communion, le prêtre dit « le Corps du Christ », nous répondons : « Amen ». C’est alors que se réalise « le merveilleux échange », comme le définit la liturgie. Mais pour que notre « Amen » soit vrai, nous devons donc être membres du Corps du Christ. « Devenez ce que vous recevez… le Corps du Christ » comme l’écrit St Augustin dans une raccourci lumineux.
Dans la première épitre aux Corinthiens, saint Paul lui aussi nous a parlé de la finalité de l’Eucharistie qui est de « former un seul corps », d’être tous en communion avec le Christ et d’être frères entre nous. En d’autres termes, il s’agit d’être l’Eglise nourrie du pain eucharistique partagé, ce que rappelle le geste de la fraction du pain L’Eucharistie, en quelque sorte, dé-privatise la vie spirituelle, dé-confine d’une piété individuelle.
L’eucharistie est un pain qui donne faim : faim de Dieu et faim des autres tout à la fois. L’eucharistie est un pain qui creuse tout autant qu’elle comble car elle excite le goût d’une vie nouvelle, la vie de Dieu en nous et nous la fait désirer pour les autres.L’eucharistie n’existe que pour se déployer dans notre vie ordinaire, en nous invitant à vivre ce que nous avons célébré.Nous n’allons pas à la messe pour nous-mêmes, mais avec les autres, qu’ils soient présents ou que nous en fassions mémoire.
Je pense que les sœurs de la Miséricorde dont la mission demeure le soin des malades et des mourants, se retrouvent pleinement dans ce que Mère Thérèsa de Calcutta disait à ses sœurs à savoir qu’elles « devaient traiter les malades comme le prêtre traite l’hostie consacrée » en ajoutant cette expérience, fruit de la Communion et de l’Adoration : « Quand j’adore Jésus dans l’Eucharistie, je vois les pauvres, et quand je suis auprès des pauvres, je vois Jésus ».
Deux siècles viennent de s’écouler et la Miséricorde de Sées est toujours là, cherchant à demeurer fidèle à l’inspiration première de son saint fondateur « Puissiez-vous, disait-il à ses chères filles, sentir vous-mêmes, l’excellence de votre destinée… servir Jésus-Christ dans la personne des malades, contribuer au salut de tant d’âmes. Pouvez-vous ne pas avoir part à cette douce invitation de Notre Seigneur : j’étais malade et vous m’avez visité ! »
Notre société est aujourd’hui agitée par des débats concernant l’amélioration des soins de santé, le nécessaire développement des soins palliatifs, les questions autour de la fin de vie ou encore ce qu’on appelle le suicide assisté et disons-le carrément l’euthanasie. Je ne pense pas que les différentes prises de position faisant la part belle au désir individuel risquent de détourner les sœurs de la Miséricorde de leur mission, bien au contraire. Promouvoir la mort ne peut être considéré comme un soin. Demeure ce devoir de fraternité qui découle de l’eucharistie : prendre soin les uns des autres jusqu’au terme de la vie, « corps et âme » aurait dit le saint fondateur de la Miséricorde.
Voici vingt siècles que les chrétiens, sous toutes les latitudes, dans des rites différents, célèbrent ce que Jésus a remis à ses Apôtres le soir de la Cène : « Faites ceci en mémoire de moi ». Et, dans cette pratique, ils ont la conviction d’engager la totalité de leur foi. Voici vingt siècles que, tout en célébrant l’eucharistie, les chrétiens cherchent à la comprendre sans jamais y arriver jusqu’au bout. Ce don de Jésus est d’une telle richesse qu’on n’a jamais fini de le scruter et de l’accueillir. L’eucharistie est la récapitulation de tout, le « sommet et la source » a dit le concile Vatican II, autrement dit le point à partir duquel toutes les lignes divergent et vers lequel toutes les lignes convergent.
C’est l’alliance de Dieu et de l’homme dans le Christ Jésus ; l’unité du passé, du présent et de l’avenir ; l’unité de la nature et de l’histoire ; l’unité de l’accueil et du don, l’unité de la mort et de la vie… Ce mystère est grand, aurait dit l’apôtre Paul. Ajoutons pour les sœurs qui ont participé au Chapitre général : ce mystère de l’eucharistie est d’une étonnante beauté !
Amen.
Mgr Gilbert Louis +
La messe célébrée par Mgr Gilbert LOUIS a clôt cette journée. En action de grâce la Supérieure générale a remis à chacune des Sœurs de la Congrégation les nouvelles Orientations du Chapitre établies pour les 6 prochaines années.
Puis, « festivités » ne va pas sans « apéritif » !
Homélie de Mgr Gilbert Louis +
Après le temps de récollection, veillée de prière et d’intercession pour la Paix dans la grande chapelle avec exposition du Saint-Sacrement.
Pour prolonger cette prière, nuit d’adoration à l’Oratoire achevée par la prière des Laudes au petit matin.
Journée de récollection de Carême au Centre Spirituel, avec enseignements du Père Pierre-Yves Emile sur le thème de la Fraternité et temps de partage en groupes, suivis de la messe.
« C’est important, et c’est beau, ces couples qui ont désiré prendre du temps pour se dire des choses ou simplement pour être ensemble de manière privilégiée… » P. Thierry Hénault-Morel
Après une longue marche pèlerine, les 30 couples et leurs 28 accompagnateurs sont arrivés au Centre Spirituel, en passant par la basilique de l’Immaculée Conception, apportant avec eux les reliques des saints Louis et Zélie Martin d’Alençon exposées dans la Chapelle pour le temps fort du samedi soir… Parole du Diacre Guy Fournier, prière, musique, accompagnement … Le week-end s’est achevé à Alençon le lendemain.