Fondation des sœurs de la Miséricorde de Sées

Attentif à l’Esprit et à la vie de ses contemporains, le Père Bazin entend les appels de son temps.

« Je voyais d’un côté les pauvres qui mouraient sans assistance spirituelle et corporelle et je me demandais ce que l’on pourrait faire pour les secourir et leur procurer la plus grande de toutes les grâces, celle d’une bonne mort.
D’un autre côté, je savais qu’il y avait dans le monde une foule de pauvres filles qui désiraient embrasser la vie religieuse et qui en étaient empêchées, faute de pouvoir fournir une dot. Leur sort m’attristait et je regrettais qu’il n’y eût pas un ordre pour les recevoir.

Je songeais à tout cela depuis longtemps, quand je me sentis pressé par une voix intérieure d’ouvrir moi-même une maison où ces pauvres filles seraient admises et dans laquelle on les emploierait à la garde et à l’assistance des mourants. »

Il crée une Congrégation dans laquelle les religieuses travailleraient le jour, pour gagner leur vie en faisant des lessives et en filant la laine. Elles donneraient des soins gratuits aux malades indigents à domicile et aideraient les mourants à vivre leur mort dans l’espérance chrétienne.

Au début du XIXe siècle, la sœur garde-malade a une fonction nouvelle, de jour comme de nuit. La finalité est sociale et spirituelle, préparer à « une bonne mort ». C’est une spécificité des sœurs de la Miséricorde de choisir le soin des malades et l’assistance des mourants à domicile, en étant intégrées dans leur cadre de vie familiale, y compris en assurant les tâches ménagères qui s’imposent en cas de défaillance, pour raisons de santé, de la mère de famille.

L’intuition du Père Bazin s’inscrit ainsi dans l’air de son temps et dans un mouvement de fondation de congrégations féminines qui marque le XIXe siècle français.

Le 21 mars 1823, en la fête de Notre-Dame de la Compassion, patronne de la Congrégation naissante, les cinq premières religieuses prononcent, entre les mains de Mgr Saussol, Evêque de Séez, les trois vœux de Chasteté, pauvreté et obéissance.

La communauté des « Sœurs de charité, Servantes de Jésus et Marie » est fondée. Le vocable à la fois marial et christocentrique, fait référence à la Sainte famille et renvoie à l’idéal de pauvreté très présent dans la spiritualité du père Bazin avec des mentions explicites de Saint François d’Assises.

C’est en 1825, sous l’impulsion de Mgr Saussol qu’elles prennent le nom de SOEURS DE LA MISÉRICORDE.

Les Sœurs de la Miséricorde en 1823 et la congrégation des Sœurs du Bon Secours de Paris en janvier 1824, sont les premières spécialisées dans le soin des malades à domicile, de jour comme de nuit.